BIOGRAPHIE

Jacques Prévert est né à Neuilly-sur-Seine (92) le 4 février 1900. C’était un dimanche, mais connaissant Prévert, on peut penser qu’il n’en avait rien à faire. Le seul avantage, quand on naît un dimanche, c’est qu’on peut apercevoir les fées. Mais cela demande confirmation.

Mais revenons à Prévert. Il est le second d’une fratrie de trois garçons – Jean (1898-1915) et Pierre (1906-1988) sont les deux autres – et grandit à Paris, rue de Vaugirard (6^ème & 15^ème arrondissement). Il n’est certainement pas un élève modèle puisqu’il s’ennuie à l’école et fait régulièrement l’école buissonnière, ce qu’il traduira dans certains de ses poèmes.

Libéré de ses obligations militaires, il s’installe à Paris et commence à fréquenter des jeunes gens férus de littérature qui vont lui donner le goût de l’écriture. Il va participer au mouvement surréaliste d’André Breton, mais les exigences de ce dernier vont le pousser à quitter ce groupe. Il aura tout de même donné son nom à un jeu d’écriture devenu depuis très célèbre : le Cadavre exquis.

Les années 1930 le verront participer au groupe Octobre où il écrira des textes engagés pleins d’humour qui seront joués par les comédiens du groupe. Il y rencontre aussi de futurs réalisateurs de cinéma dont Paul Grimault avec qui il va travailler à plusieurs reprises. Le groupe Octobre se séparera en 1936 après avoir tourné Le Crime de Monsieur Lange (Jean Renoir, 1937) : Jacques Prévert, qui travaille pour le cinéma depuis 1932 va se lancer pleinement dans le septième art.

On va surtout retenir de cette période plusieurs films tournés avec Marcel Carné : De Jenny (1936) à La Marie du Port (1950), ce sont sept grands films qui sortiront, et ce même pendant la Seconde Guerre Mondiale (deux films). On y trouve tout ce qui fait son humour mais aussi le thème central de ses poèmes : l’amour. A chaque fois, ce sont de tragiques histoires d’amour (sauf Drôle de Drame qui est une comédie) qui nous sont contées, avec la verve et la gouaille parisienne, avec en point d’orgue Les Enfants du Paradis, l’un des plus grands films français de l’époque (et même aujourd’hui), servis par une distribution prestigieuse : ce qui se faisait de mieux au cinéma (Jean Gabin, Arletty, Michel Simon, Jules Berry…).Après-guerre (1946) il fait publier son premier recueil de poèmes, reprenant en partie ceux qu’il avait écrit avant-guerre. C’est Parole, qui contient certains de ses écrits les plus célèbres – Tentative de description d’un dîner de têtes à Paris-France (qui ouvre le recueil), Barbara, ou encore Inventaire (avec les ratons-laveurs) – et les poèmes connus de tous les élèves de France : Chanson pour les Enfants l’hiver, Le Cancre, Page d’Ecriture, Chanson des Escargots qui vont à l’enterrement.
Certains de ses poèmes seront mis en musique par son ami Joseph Kosma (qui signait en plus les bandes originales des films de Carné), qu’il avait caché pendant la guerre : Kosma était juif.

Ces chansons seront reprises par de nombreux interprètes célèbres dont son ami Yves Montand qui donnera une interprétation inoubliable des Feuilles mortes (1).

Le 12 octobre 1948, il est victime d’un accident domestique qui va le contraindre à du repos. Il en profitera pour réaliser d’autres œuvres d’arts : des collages, qui rappelleront sa verve poétique.

Il continuera à écrire pour le cinéma et en 1980, il est encore crédité au générique du superbe film de Paul Grimault Le Roi et l’Oiseau, pour lequel il a écrit le scénario, adapté du conte d’Andersen La Bergère et le Ramoneur, qu’ils avaient déjà adapté en 1953. Prévert était alors mort depuis trois ans, des suites d’un cancer du poumon : il était un très gros fumeur.

(1) Aujourd’hui encore, 45 ans après sa mort, on continue à enregistrer des chansons de Prévert.

Prévert par Doisneau

Bibliographie partielle :

Poésie :

Paroles (1946)

Histoires (1946-49)

Histoires et autres Histoires (1946)

Les Enfants qui s’aiment (1947)

Spectacle (1951)

La Pluie et le beau temps (1955)

Fatras (1966)

Choses et autres (1972)

CINEMA

Le Crime de Monsieur Lange (Jean Renoir, 1936)

« Ca ne te ferait rien de ne pas parler entre guillemets ? » – Valentine (Florelle) à Batala (Jules Berry)

Drôle de Drame (Marcel Carné, 1937)

« A force d’écrire des horreurs, elles finissent par arriver » – Félix Chapel (Michel Simon)

Bedford (Louis Jouvet) : Moi j’ai dit « Bizarre, bizarre »… Comme c’est étrange… Pourquoi aurais-je dit « Bizarre, bizarre » ?
Molyneux (Michel Simon) : Je vous assure, cher cousin, que vous avez dit « Bizarre, bizarre ».
Bedford : Moi j’ai dit « Bizarre »… Comme c’est bizarre…

Le Quai des Brumes (Marcel Carné, 1938)

« T’as d’beaux yeux, tu sais. » – Jean (Jean Gabin)

« Tu verrais un crime dans une rose. (Michel, le peintre – Robert Le Vigan) – C’est ce qu’on appelle la peinture au couteau. (Quart-Vittel – Aimos) »

« C’est curieux, sur les vêtements, le sang reste longtemps, mais sur les mains, il s’en va très vite. » – Zabel (Michel SImon)

Le Jour se lève (Marcel Carné, 1939)

« Vous avouerez qu’il faut avoir de l’eau dans le gaz et des papillons dans le compteur pour être restée trois ans avec un type pareil. » – Clara (Arletty)

« Aujourd’hui, c’est dimanche, le bureau des pleurs est fermé. » – François (Jean Gabin)

« C’est drôle comme les gens simples se font des idées étonnantes sur les femmes. » Valentin (Jules Berry)

Les Enfants du paradis (Marcel Carné, 1945)

« Paris est tout petit pour ceux qui s’aiment comme nous d’un aussi grand amour. » – Frédérick Lemaître (Pierre Brasseur) qui vient de rencontrer Garance (Arletty)

Ce n’est pas tellement triste, un enterrement. Il suffit qu’il y ait un peu de soleil dessus et tout le monde est content. » – Baptiste (Jean-Louis Barrault)

« Les rêves, la vie, c’est pareil ! Ou alors ça vaut pas la peine de vivre. Et puis qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse la vie, c’est pas la vie que j’aime, c’est vous ! » – Baptiste